20 Minutes : Il invente une «carotteuse» géante, alternative écolo aux carrières à ciel ouvert.
ENVIRONNEMENT – Un Toulousain a inventé une machine à carotter géante réduisant considérablement l’emprise et les nuisances des carrières de granit. Elle va être testée cet hiver dans le Sidobre.
@Helene Menal
- Un ingénieur toulousain a inventé une machine à extraire le granite sans dynamite et sur des emprises extrêmement réduites.
- En décembre, sa carotteuse géante va être testée dans le Sidobre tarnais, le gisement par excellence.
- Ce projet écolo, baptisé Intraterra, fait l’objet d’une campagne de financement participatif originale.
Le Sidobre est un massif verdoyant niché sur les hauteurs de Castres, dans le Tarn. Les caprices de la géologie l’ont transformé en énorme gisement de granit. Pour le meilleur : l’exploitation de la roche génère 1.200 emplois et les rochers biscornus qui affleurent en ont fait une terre de légendes qu’affectionnent les touristes.
Mais il y a un revers à la médaille. Les promeneurs qui crapahutent dans les rivières de rochers sursautent parfois, surpris par les dynamitages des carrières à ciel ouvert toute proches. Elles font aussi de « belles » trouées dans le paysage.
Mais tout cela pourrait bien changer. Car à quelque 90 km de là, à Toulouse, dans le quartier de la Flambère, se dresse désormais une immense tour d’acier, rappelant un pas de tir. A l’intérieur, une « machine à carotter » de 17 mètres de haut. Cette invention brevetée est sortie de l’imagination de Philippe Mauranne, ingénieur des arts et métiers et patron de la PME CTIC, spécialisée dans la chaudronnerie. Ce passionné de géothermie imagine des « carrières verticales », sans dynamite ni produits chimiques, sans avoir à créer non plus des amphithéâtres de roches à ciel ouvert.
Premier test en décembre, in situ
« Pour 12 puits, nous n’avons besoin que d’un bâtiment couvert de la taille d’une maison avec un pont de levage », assure Philippe Mauranne, autant dire un confetti à l’échelle d’une carrière. Le Toulousain, qui a baptisé son projet Intraterra, propose ensuite d’effacer « l’empreinte visuelle » en rebouchant les trous avec le granit impur, les déchets de sciure et ceux, nombreux, de la carrière actuelle.
Alors, doux rêveur ou inventeur génial ? Il n’y a plus longtemps à attendre pour le savoir. Car Philippe Mauranne a convaincu la profession. Un carrier du Sidobre a accepté de lui réserver un « bout de chemin ». La machine doit y être acheminée en décembre.
Fresques et pixels
«Intraterra propose une approche de l’extraction complètement innovante. Philippe Mauranne s’est entouré de professionnels et tout ce qui va dans le sens de la réduction des nuisances et de l’empreinte écologique nous intéresse », souligne Cécile Kieffer, la directrice de l’association Granit et Pierre du Sidobre qui réunit les acteurs de la filière.
Ella a aussi été séduite par le projet annexe Granity. Il doit permettre de boucler le projet en faisant appel au financement participatif. Des pixels de granit (à 50 euros) sont en vente sur Internet. Au fur et à mesure, ils formeront des fresques géantes qui seront réellement construites. La première, évidemment, dans le Sidobre.